Ecrit le 9 mai 2016 | Formations, Hypnose
L’hypnose, entre objectivité et subjectivité
Objectivement, nous avons le pouvoir de fabriquer nos rêves et ce pouvoir est constitutif de notre devenir. Le rêve n‘est pas une fuite mais une préparation à notre rapport à la réalité. Le rêve pose notre singularité et notre différence. C’est dans cet espace que l’on recadre le contexte ou le contenu pour y faire émerger un autre possible.
L’hypnose dérange. Elle agace notre culture qui voit dans la maîtrise de soi, l’indépendance et la toute-puissance de la volonté les biens les plus précieux, les plus inaliénables du « sujet ».
Qu’est-ce que l’hypnose ?
François Roustang, qui a publié il y a quelques années un ouvrage qui porte ce titre, ne cesse de rappeler la difficulté qu’a eue notre culture à intégrer un phénomène pourtant connu et reconnu ailleurs depuis des millénaires. Cela induit donc autre chose que la connaissance d’une simple technique mais de poser un regard plus large sur sa propre condition. (1)
Il y a une « transe ordinaire quotidienne », comme l’appelait Milton H. Erickson : « La ménagère qui a les yeux fixés sur une tasse de thé, l’étudiant dont le regard se porte dans le lointain au beau milieu d’une conférence, et le conducteur qui atteint automatiquement sa destination sans aucun souvenir des détails de son itinéraire » se trouvent dans un état déjà hypnotique. (2)
L’hypnose met en échec notre manière habituelle de percevoir et d’interpréter le monde. Elle conduit à un état de « confusion » analogue à celui qui précède le sommeil. L’hypnose « n’est pas une technique d’endormissement ou une invitation à l’inconscience », c’est le passage d’une « veille restreinte » à une « veille généralisée » (3). Autrement dit l’hypnose permet un élargissement du champ d’interprétation suggestif par un recadrage de contenu ou de contexte.
Sous trans, une personne (le sujet) est guidé par un autre (le praticien) pour interagir à des suggestions de changement de l’expérience subjective via l’altération de la perception, de la sensation, de l’émotion, de la pensée ou du comportement. Un des faits les plus anciens et les plus surprenantes découvertes par la recherché objective de l’hypnose est que l’ampleur de la réponse comportementale du sujet à l’hypnose reste stable dans le temps et est plus grande.
(1) Romano Claude, « Le phénomène de l’hypnose », Critique, 2004/12 n° 691, p. 965-978.
(2) M. H. Erickson, « Hypnosis and Ultradian Cycles : A New State(s) Theory of Hypnosis », (cité dans Q.H., p. 73).
(3) François Roustang, « Qu’est-ce que l’hypnose ? », p.132